Le monotype, c’est un écrit qui se cache.
Il se courbe, se dessine. Né de l’empreinte, il se couche sur le lit de la presse.

Mes séries confient des bribes d’histoires, de souvenirs. Une accroche narrative constituée de petits faits, cailloux transformés en de rêches figurines.
Le dessin permet cela, une description qui dépasse les limites du visible: il «écrit» le Temps.

Mes personnages sont fait avec une économie de gestes visant à faire sortir l’essentiel de la forme sans préoccupation de décor ou de perspective. Seul compte à mes yeux, le sentiment d’une histoire qui doit se raconter. Les œuvres dans leurs expressions nous parlent d’une mémoire, il y a comme une disparition, un sentiment d’altération. La beauté n’est pas parfaite mais «grignotée», elle boîte légèrement et nous rappelle par son cliquetis, une clépsydre intérieure.

 

Mélanie Duchaussoy - 2020

 


Texte de Caroline Secq, Artiste plasticienne. Novembre 2021

 

 

L’artiste est un lutin, vive, légère et intense.

 

Sur le fil de cette vibration elle ensemence la terre pour y forger un petit peuple d’hybrides d’une force poétique toute minérale.

 

De son travail de transsubstantiation émergent des formes de vie qui se jouent des étiquettes. Les formes du vivant s’y croisent, se fécondent, se fondent se télescopent, s’habitent les unes les autres. Est-ce l’animal qui absorbe l’humain, le végétal qui grignote une patte ou un bras ? Est-ce l’humain qui délivre l’animal qui l’habite?  Est-ce tout simplement l’expression magique et simultanée du tout-vivant ?

 

Sans jamais répondre à ces questions, les pièces de Mélanie Duchaussoy  ont une force d’attraction quasi magnétique.

 

Habillées de giclées d’émail, ou gravées de signes et de traces , elles vibrent de la puissance de leur beauté brute. Elles sont là, solides dans leur essence, sensibles dans la tendresse qui les a enfantées, posées dans une qualité de présence d’une densité remarquable.

 

Elles  appellent la main, pas tant pour la caresse que pour la rencontre énergétique, la vraie. Elles appellent l’œil qui tourne desépérement autour sans jamais rassasier sa faim de réduire la pièce a quelque chose de bien cerné, car les pièces de l’artiste ne sont pas plus réductibles  à un nom qu’à une image.

 

Son monde est entre deux : entre familier et étrange, entre matière et chimère, entre peinture et sculpture, entre humain et animal, entre contes de fée, mythologies et esprits totémiques. Un entre deux où l’enchantement prend sa source.